Pourquoi le café est devenu indispensable aux cyclistes pros (et comment ils le consomment)

Cycliste et café

Bien plus qu’un simple carburant de sortie, le café est devenu incontournable parmi les coureurs du peloton professionnel. Chez Mathieu Van der Poel ou Arnaud Démare, comme chez des dizaines d’autres, l’espresso ou le latte ne sont pas qu’un plaisir gustatif, mais un élément central d’un véritable art de vivre cycliste.

Un engouement devenu rituel

Aujourd’hui, l’un des premiers réflexes d’un cycliste professionnel avant de grimper en selle est souvent de se préparer un double expresso ou un café filtre de spécialité. Cette habitude dépasse désormais le simple besoin de stimulation physique, elle relève de la culture, voire de l’identité. Le café est partout, dans les bidons d’échauffement, pendant les coffee rides et surtout dans les moments d’échange entre coureurs.

Romain Sicard, ancien champion du monde espoirs et désormais directeur sportif chez TotalEnergies, le dit lui-même : une révolution culturelle s’est installée. Les capsules et cafés instantanés sont relégués au passé. À leur place, des machines expresso professionnelles, des moulins à meule réglable au micron près, et des grains torréfiés à l’origine précise, d’Éthiopie ou du Guatemala.

Les cyclistes et le café

Van der Poel, barista à ses heures

Chez certaines stars du peloton, la passion va jusqu’à la pure maîtrise technique. Mathieu Van der Poel est capable de reproduire des motifs complexes en latte art, comme la rosetta ou la tulipe. Ce n’est pas le fruit du hasard, mais d’un véritable intérêt pour le métier de barista, avec parfois, des formations semi-professionnelles suivies pendant l’intersaison.

Cette passion jaillit souvent sur leurs réseaux sociaux, créant un lien direct avec les fans. Là où certaines disciplines affichent leurs excès de luxe, les cyclistes partagent eux leur relation intime avec le café, entre deux courses, dans un van ou au bord des routes d’entraînement.

La boisson qui stimule sans tricher

Autrefois surveillée de très près, la caféine a été retirée de la liste des produits dopants en 2004. Aujourd’hui, aucun secret : tous les coureurs consomment du café dans un cadre parfaitement légal. Ses effets sont bien connus et mesurés : réduction de la fatigue, stimulation cardio-vasculaire modérée, meilleure concentration.

Certains l’intègrent même selon un protocole quasi scientifique : un double expresso 45 minutes avant la sortie pour le pic de concentration, un café filtre pendant les coffee rides comme boisson de confort, puis un latte ou cappuccino pour favoriser la récupération post-effort. Cette habitude est presque devenue une norme, adaptée selon les préférences et tolérances de chacun.

Le marché du « café cycliste » explose

Entre baristas cyclistes et cyclistes baristas, l’industrie s’adapte. Des marques comme Rigoberto Urán l’ont bien compris : le Colombien a fondé sa propre gamme de café de spécialité, « Especial de origen ». Ce n’est pas un simple produit dérivé, mais un café sélectionné sur critères de goût, de provenance, et façonné pour plaire aux palais exigeants.

L’équipe QuickStep, avec son “Wolfpack Coffee”, a même mis les mains dans le moulage : un blend choisi collectivement par les coureurs eux-mêmes, en fonction de leurs préférences. D’autres acteurs comme Luxa Coffee ou Corsa Pro ont fait du cyclisme leur cœur de cible, proposant des abonnements ou des cafés illustrés aux couleurs du peloton.

Une culture qui se démocratise dans tout le peloton

Ce rituel ne concerne plus seulement les leaders ou les stars du peloton. Il est devenu une culture de groupe à tous les niveaux, des jeunes néo-pros aux derniers coureurs continentaux. À travers un café partagé, c’est une forme de lien social, un moment suspendu où l’on quitte le monde de la performance pour celui de la passion.

Les coffee rides, ces sorties à allure modérée avec arrêt programmé dans un café de spécialité, sont devenus courants pendant les stages. On y discute matos, forme physique, mais aussi origine des grains ou qualité de mousse de lait. Le cycliste devient connaisseur, parfois ambassadeur, souvent passionné.

Mon avis

En tant qu’observateur attentif et amoureux de cette science qu’est le cyclisme, je vois dans cette mode du café bien plus qu’une simple tendance. C’est une tranche de culture qui épouse parfaitement l’exigence et les rituels du coureur professionnel. Le café, c’est une forme de contrôle, de précision, presque une extension mentale de ce que représente la préparation physique.

Ce n’est pas un hasard si les plus grands techniciens du peloton s’y investissent. Dans le café comme dans la course, on dose, on ajuste, on cherche la bonne température, la bonne pression, la meilleure extraction. Ce n’est pas anodin. Et au-delà du protocole, cela reste un moment de partage qui, dans un sport aussi solitaire que collectif, renforce les liens du peloton. Rien que pour cela, on ne peut que saluer cette passion de la tasse.

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